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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/65

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vous connaissez les besoins du pauvre ; joignez indispensablement à la somme restituée, celle de la moitié de votre bien, pour vous réconcilier avec la justice céleste… Vous le savez, madame, vos fautes sont bien grandes, et ce sont les pauvres qui sont nos meilleurs avocats près de Dieu ; ne marchandez point avec votre conscience ; une fois devenue la proie des démons qui vous attendent, vous ne serez plus à même d’implorer l’Être-Suprême, et d’obtenir pour vos crimes la miséricorde dont elles ont un si grand besoin. — Vous m’effrayez, mon père ! Je le dois, madame ; en ma qualité de médiateur entre le ciel et vous, je dois vous montrer les fléaux suspendus sur votre tête ; et quand vous en préviens-je ? au moment où vous pouvez encore les détourner : vous êtes perdue, si vous balancez. Étourdie du ton dont je prononçais ces dernières paroles, ma dévote se fit apporter sur-le-champ une cassette, dont les richesses qu’elle en sortit, s’élevant à 800 mille livres, équivalaient de reste à la valeur que j’exigeais, en lui demandant la moitié de son bien. — Tenez, me dit-elle en répandant des flots de larmes ; tenez, mon père, voilà ma dette acquittée ; priez pour ma pauvre ame, et rassurez-moi,