Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parler sur-le-champ dans l’endroit qui m’était indiqué, au maître d’un navire qui m’attendait, et que je convinsse avec lui, et du prix qu’il nous demandait pour nous conduire à Marseille, et des moyens à prendre pour nous esquiver l’un et l’autre.

Je vole chez l’homme dont on me parle, et j’en reçois toute sorte de satisfaction ; Delmas était un vieux renégat repentant, qui brûlait de revoir sa patrie, et d’arracher aux Turcs le plus de victimes qu’il lui serait possible ; tenez, me dit-il, voici d’abord une échelle de soie que vous ferez passer à votre protectrice ; joignez-y cette eau dont elle coupera ses grilles, rien qu’en les frottant avec ; une fois dans les jardins, où comme vous croyez bien, elle ne doit arriver que de nuit, elle se transportera chez moi par le même chemin que vous venez de prendre, je la cacherai dans mon bâtiment, où vous viendrez vous jetter dès que le bagne sera ouvert.

Tout joyeux de ces bonnes nouvelles, je retourne aux pieds du sérail ; je fais le signal convenu, on y répond ; une ficelle m’arrive, j’y attache l’échelle, la liqueur, et un mot de réponse où je fais éclater des sentimens de tendresse et de reconnaissance… exprimés du