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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/85

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mieux qu’il m’était possible ; la jalousie se referme et le lendemain un dernier billet m’annonce que l’exécution du projet sera pour la nuit suivante ; on m’invite à ne pas l’oublier, afin d’être sûr de trouver Joséphine, son cœur et ses trésors, le lendemain de bonne heure, à fond de cale du bâtiment de Delmas.

Je fus exact ; je ne vous parlerai point de la Scène de reconnaissance ; elle fut tendre du côté de Joséphine, arrosée même de ses larmes. Du mien, sévère et toujours accompagnée de ce sentiment intérieur de méchanceté qui ne me permettait pas qu’un individu tombât dans mes mains, sans que j’éprouvasse à l’instant le plus vif desir d’exercer sur lui mon empire. Joséphine avait atteint l’âge où les traits, en se développant, changent en beauté leur finesse ; c’était véritablement une très-belle femme. En attendant que le patron mît à la voile, nous bûmes une bouteille de vin de Syracuse, et la chère fille me raconta ses aventures.

L’homme qui l’achetait à moi, était Frédéric, roi de Prusse, qui, sur le récit de son frère, avait vivement desiré l’immolation de cette créature. Assez heureuse pour échapper au supplice effrayant qui lui était destiné, par