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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/104

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sont durs comme les rochers qui nous servent de toits. Et comment voudrais-tu que la multitude de crimes où nous nous livrons tous les jours pût laisser en nous quelqu’accès au sentiment de la pitié ? Obéis, coquine, obéis ; il pourrait y avoir du danger à te le faire répéter une seconde fois. Justine ne trouve plus de réponse, et ses cotillons, promptement à bas, laissent bientôt jouir la gaillarde assemblée d’un des plus beaux corps de femmes qu’elle eût encore apperçu depuis long-tems. Objet de la curiosité de l’un et l’autre sexe, notre belle enfant est bientôt visitée, caressée, baisée par toutes les femmes, aussi chaudement que par les hommes, lorsqu’un d’eux (c’est le fils du chef), appercevant la fatale marque, la fait voir aussi-tôt à tout le monde. Qu’est ceci, pucelle, dit un des membres du sénat ? il me semble, qu’imprimée de cette manière, on n’a pas envie de te perdre, et, puisque tu fraternises avec nous par ces stigmates, tu n’aurais pas dû, ce me semble, contrefaire aussi bien la prude. Justine alors raconte son histoire ; mais aussi peu crue là que chez Saint-Florent, en l’assurant que ce petit malheur ne lui fera nul tort dans la troupe, on l’exhorte pourtant à ne plus se re-