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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/103

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sons des dispositions, des talens, vous serez placée dans les premiers postes ; si vous répugnez à nos usages… si notre métier ne vous convient pas, vous ne sortirez pas du souterrain : réduite alors au seul service de l’intérieur, vous serez utile au logis, et vous servirez nos passions ».

Toute la troupe applaudit à ce discours. Le chef, ayant assemblé ce qu’il y avait là de notables, ces décisions eurent à l’instant force de loix ; et il fut intimé à la demoiselle Justine, d’avoir à se mettre nue sur-le-champ, pour, après l’examen qui serait fait d’elle, avoir à satisfaire d’abord aux passions du chef… des notables, et ensuite de tous ceux de la troupe, hommes ou femmes qui voudraient d’elle. La malheureuse Justine n’a pas plutôt entendu cet arrêt, qu’elle se jette en larmes, aux pieds de ses juges, pour les supplier de ne pas la soumettre à des infamies qui lui coûtent autant… De violens éclats de rire sont la seule réponse qu’elle obtient.

Pudique enfant, lui dit le chef, comment as-tu pu supposer que ceux qui se font un jeu d’émouvoir la pitié dans les autres, eussent la faiblesse d’en être eux-mêmes susceptibles ? Apprends, poulette, apprends que nos cœurs