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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/117

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chaine résolution du départ. Or, comme on lui avait assuré qu’il fallait être instruite pour faire partie du détachement, elle demanda un maître ; et Raimond, l’un des notables dont nous avons déjà eu occasion de parler, fut l’instituteur que lui accorda le chef de la bande.

Les enfans que vous voyez parmi nous, lui disait un jour ce digne gouverneur, sont, comme vous l’imaginez bien, Justine, de petits malheureux enlevés dans nos courses, desquels nous nous servons pour émouvoir les femmes, dont les cœurs sensibles et pusillanimes s’ouvrent plus aisément à la pitié. En plaçant dans la bouche innocente de ces petites créatures, et le tableau de nos misères et des instances pour les adoucir, nous sommes presque toujours sûrs du succès. Nous vous donnerons un de ces petits êtres ; vous le conduirez par la main ; vous vous en direz la mère ; tous les cœurs s’attendriront aux accens plaintifs de votre voix douce, et vous n’éprouverez jamais de refus. Mais votre costume, encore trop brillant, sera nécessairement ici métamorphosé contre un autre ; et, quelque répugnance que vous puissiez avoir pour la vermine, il faudra que vous en soyez