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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/116

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simplement ; ils deviendront ce qu’ils pourront : déclares ton dessein de me suivre, fais-toi donner quelques leçons, et nous serons bientôt en état de partir.

Le desir que nous avons d’offrir toujours à nos lecteurs le caractère de notre héroïne aussi pur qu’il a dû le reconnaître de tous les tems, nous engage à développer ici ses motifs. Il s’en fallait bien que cette vertueuse fille pût admettre de bonne foi le dessein de voler ces malheureux : quelque criminellement gagné que fût cet argent, il leur appartenait, n’en était-ce pas bien plus qu’il ne fallait pour que la scrupuleuse Justine se gardât bien de nuire à leur propriété ; mais elle desirait d’être libre ; on ne le lui offrait qu’aux conditions de ce crime : elle combinait donc comment elle pourrait faire pour allier l’un et l’autre… pour sortir de ce gouffre enfin sans dérober le bien de ses hôtes. Un moyen simple s’offrit à son esprit : ce fut de faire au chef l’aveu du crime auquel on voulait l’engager, mais de ne rien dévoiler pourtant qu’avec la promesse de la grâce du coupable et de sa liberté ; une fois fixée à ce projet, elle n’attendit plus, pour le mettre à exécution, que le moment où Gareau lui annoncerait la pro-