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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/119

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on saisit le moment où l’on n’est point vu ; un coup de main est bientôt fait : il faut être leste dans notre métier… effronté… toujours prêt à nier… même l’action qu’un témoin viendrait de surprendre.

Si, malgré vos apparentes infirmités… malgré le rôle de mère, que nous vous ferons remplir, vous trouvez quelques libertins qui veuillent de vous (il en est tout plein qui, par caprice ou dépravation, préfèrent les femmes de notre état), cédez ; mais profitez de la faiblesse du particulier, et pressurez-le d’importance. Nous vous donnerons des somnifères et des poisons, que vous employerez au besoin, en partant toujours d’un principe ; c’est que la santé… la fortune du prochain n’est rien, toutes fois qu’il s’agit de s’enrichir. En excitant la pitié dans les autres, souvenez-vous que vos devoirs vous font une loi de n’en jamais éprouver aucune ; votre cœur doit être comme de l’acier ; et le seul mot qu’il doive faire retentir en vous, c’est de l’argent.

Il vous est permis de vendre l’enfant qui vous est confié, pourvu que vous en tiriez un bon parti, et que vous nous en apportiez les fonds.

Soit pour leur faire du bien, soit pour leur