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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/120

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faire du mal, une infinité de personnes nous achètent de ces enfans-là ; quelques-uns pour les élever, ceux-ci pour les séduire et s’en amuser ; ceux-là, le croiriez-vous, Justine ?… ceux-là, pour les manger… oui, les manger ; il existe des êtres assez dépravés pour porter la débauche à ce point, et nous en trouvons tous les jours. Accoutumés nous-mêmes à toutes les horreurs, aucune ne peut nous surprendre ; et nous devons nous prêter à toutes celles qui nous sont proposées, et sur-tout, quand on nous les paye.

Ayez les larmes à commandement ; les histoires, les romans, les mensonges, que rien de tout cela ne vous coûte : il n’est point de métier dans le monde où il faille savoir en imposer avec plus d’impudence, feindre avec plus de hardiesse les maux et les revers les plus éloignés de nous.

Démêlez sur-tout le caractère de ceux auxquels vous vous adressez ; que vos moyens s’emploient en raison de leur sensibilité. Il ne s’agit que de se montrer à un être faible et pusillanime, notre seul aspect l’émeut sur-le-champ. Il faut plus d’art, un jeu mieux prononcé, près de ces ames racornies par l’âge ou par la débauche. On méprise notre