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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/12

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l’autorité à ceux qui les gouvernèrent. Une famille, une bourgade, contrainte à défendre ses possessions, choisit bien certainement dans son sein, l’être qui lui parut réunir une plus grande somme des qualités que nous venons de peindre. Ce chef, une fois revêtu de l’autorité qui venait de lui être confiée, prit des esclaves parmi les plus faibles, et les immola sans pitié au plus léger besoin de ses intérêts ou de ses passions… à la fantaisie même de ceux qui l’avaient mis en place. Combien de fois peut-être cette cruauté fut-elle nécessaire au maintien de son autorité ? Qui doute que le despotisme des premiers empereurs de Rome ne fût utile à la splendeur de cette souveraine de l’univers ? Lorsque les sociétés s’établirent ; les descendans de ces premiers chefs, accoutumés à représenter, quoique souvent leurs forces ou leurs qualités morales n’égalassent plus celles de leurs pères, continuèrent de maintenir l’autorité sur leurs têtes ou dans leurs maisons ; et voilà l’origine de la noblesse dont la tige se découvre dans la nature même : des esclaves continuèrent de se ranger autour d’eux, ou pour les servir ou pour maintenir sous les ordres de ce chef la grandeur et la prospérité de la nation ; et ce maître, sentant