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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/13

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combien il lui devenait essentiel d’en imposer, tant pour son intérêt que pour l’intérêt général, devint cruel par nécessité, par ambition, et le plus souvent par libertinage, Tels furent les Nérons, les Tibères, les Héliogabales, les Venceslas, les Louis XI, etc. ; ils héritaient d’un pouvoir transmis à leurs prédécesseurs par nécessité ; ils en abusaient par caprices. Mais, quel mal entraînaient ces abus ? beaucoup moins sans doute que le retranchement de leurs pouvoirs ; car l’abus maintenait l’empire, en faisant tomber quelques victimes. La suppression de l’autorité ne les épargnait pas, et plongeait les peuples dans l’anarchie. Il y a donc (et c’est où j’en veux venir) très-peu d’inconvéniens à ce que le plus fort abuse de sa puissance… on ne saurait moins d’obstacle à ce qu’il écrase le plus faible. Toutes les opérations de la nature ne sont-elles pas d’ailleurs des exemples de cette lésion nécessaire du fort sur le faible ? L’aquilon brise le roseau, les soulèvemens intérieurs de la terre culbutent, dégradent la frêle habitation imprudemment élevée sur elle ; l’aigle engloutit le roitelet ; nous ne respirons pas, nous ne remuons pas un de nos membres, que nous ne détruisions des fourmillières d’atô-