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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/129

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à cent pieds sous terre, et pourquoi ne l’ai-je pas tuée ? Est-il au monde rien de plus affreux que la présence d’une femme qui nous a coûté du foutre !

Cependant les comptes du nouveau détachement se firent ; Gaspard qui commandait toujours dans l’intérieur, annonça que six mois de courses venaient de rapporter à la masse près de sept cent mille liv. uniquement en aumônes. Oh ! foutre, s’écria-t-il, après avoir fait voir le bordereau, vive la charité chrétienne ! Qu’il avait d’esprit celui qui le premier érigea cette sublime action en vertu ! vous voyez l’utilité dont elle nous est : continuons, mes amis, continuons de payer des prédicateurs pour en échauffer le zèle dans le cœur de l’homme, nous n’aurons jamais si bien placé notre argent[1] .

À cela près de beaucoup de crapule, de libertinage, d’irréligion, d’intempérance et de blasphêmes, Justine cependant n’avait pas

  1. On assure que c’est une des ruses de ces drôles-là. Ils payent aux curés de village des sermons sur la pitié, sur la charité, sur la bienfaisance, sur toutes les faiblesses, en un mot, qui leur sont utiles.