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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/137

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Voilà, m’allez-vous dire, peut-être bien de l’esprit pour un capucin ; mais mon père en avait beaucoup. Aussi était-il fort libertin ; tant il est vrai que ce défaut est presque toujours celui des grands hommes, et que bien rarement celui qui a des lumières, est exempt d’athéisme ou d’immoralité.

Quoique l’intrigue de Siméon, avec ma respectable mère, dura depuis treize ans, puisqu’il l’avait dépucelée à dix, et qu’elle-même était le fruit d’une première liaison de ce révérend père avec une marchande du quartier, d’où il résultait que Pauline, à-la-fois sa fille et sa maîtresse, avait un double titre à mériter son cœur ; quoiqu’il y eût, dis-je, treize ans que cet arrangement dura, à raison du double lien dont on vient de parler, leur amitié n’était nullement refroidie. La complaisance absolue de ma mère, son extrême docilité aux irréguliers caprices du capucin, l’assemblage de tous ces motifs, en un mot, lui rendait la société de Pauline précieuse, et il n’y avait pas de jours où il ne vînt passer cinq à six heures chez elle. Le supérieur du couvent, père Ives, qui entretenait, de son côté, une très-jolie fille de dix-huit ans, nommée Luce, se réunissait à ce couple, avec