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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/163

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moi, ma sœur, je trouve un homme qui me couvre d’or, si je veux le suivre en Russie ; je pars. — Mais cette pauvre femme qui est dans son lit ? — Si sa situation te touche si vivement, il n’y a qu’à l’étrangler, elle ne souffrira plus. — Scélérat, dis-je en souriant, et comme peu révoltée d’un pareil projet, veux-tu donc nous faire rouer ? — Séraphine, me dit mon frère, on est bien près du crime, quand on n’est plus arrêté que par l’échafaud, — Je te jure que cette crainte me touche bien peu. — Eh bien ! exécutons, Ma foi, j’y consens ; je n’ai jamais trop aimé cette garce : et n’écoutant plus que notre fureur… que notre envie d’être libre, et de nous enrichir des dépouilles de cette malheureuse, nous entrons dans sa chambre comme deux forcenés… elle reposait ; nous nous jetons sur elle, et nous l’étranglons. Partageons vîte le coffre-fort, me dit mon frère. Nous y trouvons vingt mille francs, pour la moitié autant de bijoux ; et, ayant noblement partage, les portes se ferment, et nous décampons. Nous fûmes dîner au bois de Boulogne ; et, après nous être fait les plus tendres adieux, nous être promis le plus rigoureux secret, nous nous séparâmes. Mon frère suivit l’homme