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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/167

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quine la plus riche et la plus heureuse du monde, lorsqu’une aventure affreuse vint m’arrêter à Tolède au milieu de ma brillante carrière : le duc de Cortès ayant acquis de mon personnel une connaissance assez profonde, pour se flatter que je lui serais utile dans l’affreux parricide qu’il méditait, me fit entrer dans la maison de son père sur le pied de femme-de-charge ; le coup était prêt à éclater ; cinq cent mille livres de rente devenaient pour le jeune duc le prix de son forfait ; quatre mille pistoles en payaient l’exécution. Un malheureux valet-de-chambre découvre le mystère, et saisit le poison sur moi ; le duc se sauve… on m’arrête. Au bout de dix-huit mois d’une affreuse prison, je vais enfin subir mon jugement, lorsque votre camarade Gaspard que vous voyez ici, et détenu lui-même pour quelques crimes semblables, m’offre d’essayer la fuite avec lui. Nous réussissons. Il est un Dieu pour les grands coupables, les petits seuls n’échappent jamais. Nous repassâmes les monts ensemble ; et après avoir mendié près d’un an, nous trouvâmes enfin votre troupe ; vous savez, mes camarades, comme je m’y suis conduite depuis que j’ai l’honneur d’y être agrégée ; voilà tout ce que j’avais à vous