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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/170

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de remords ; fais de moi ce que tu voudras je me livre. Séraphine vole chez Gaspard ; elle lui représente que la punition de Justine est assez longue ; qu’il ne faut pas priver plus long-tems la troupe des services qu’une telle fille est en état de lui rendre au dehors ; qu’elle en demande l’assistance dans ses différentes opérations, et qu’elle en répond sur la surface de la terre comme dans les entrailles du globe. La grace s’obtient ; on renouvelle les leçons de Justine ; on lui fait subir un examen ; et au bout d’un séjour de cinq mois dans cet abominable repaire, elle obtient enfin la permission d’en sortir et de suivre sa protectrice à Lyon. — Grand Dieu ! se dit Justine en revoyant le soleil, une œuvre de pitié vient de m’engloutir toute vive pendant cinq mois ; la promesse d’un crime rompt mes fers. O Providence ! Expliques-moi donc tes incompréhensibles décrets, si tu ne veux pas que mon cœur se révolte.

Nos deux voyageuses s’arrêtèrent dans un cabaret pour déjeûner. Justine ne disait mot, mais elle n’en combinait pas moins son projet de liberté. Madame, s’écria-t-elle en s’adressant à la maîtresse du logis, femme très-douce et assez jolie, oh ! madame, je vous conjure