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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/171

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de m’accorder votre secours et votre protection. La créature avec laquelle vous me voyez malgré moi, m’a fait jurer de la suivre en un lieu où mon honneur serait compromis ; je l’ai fait pour me tirer d’une bande de coquins où j’avais le malheur d’être prisonnière avec elle ; mon intention n’est pas de l’accompagner plus long-tems. Je vous prie de l’engager à renoncer aux prétentions qu’elle se croit sur mon individu, de la prier de suivre sa route, et de me garder chez vous jusqu’à demain, époque où, séparée d’elle, je prendrai, pour mon compte, une route… si opposée à la sienne, que de la vie nous ne nous rencontrerons. — Scélérate, dit Séraphine, furieuse, payes-moi, du moins, si tu veux me quitter. — J’atteste le ciel, dit Justine, que je ne lui dois rien… qu’elle ne me force pas à m’expliquer plus clairement. Séraphine, effrayée, disparaît en sacrant ; et Justine, caressée, consolée par l’hôtesse, la plus honnête et la plus aimable des femmes, passe quarante-huit heures dans cette maison, avec la prudence de ne jamais dire, en racontant ses aventures, rien qui puisse compromettre les malheureux qu’elle venait de quitter. Le troisième jour au matin, elle se remit en marche,