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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/174

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de lui arriver : Que je suis heureux, s’écrie l’aventurier, de pouvoir enfin reconnaître tout ce que vous venez de faire pour moi !… écoutez… écoutez, mademoiselle, et jouissez du plaisir que j’éprouve à vous convaincre qu’il est peut-être possible que je puisse m’acquitter envers vous.

On me nomme Roland ; je possède un fort beau château dans la montagne à quinze lieues d’ici ; je vous invite à m’y suivre ; et, pour que cette proposition n’alarme point votre délicatesse, je vais vous expliquer tout de suite à quoi vous me serez utile. Je suis garçon, mais j’ai une sœur que j’aime passionnément, qui s’est vouée à ma solitude, et qui la partage avec moi ; j’ai besoin d’un sujet pour la servir ; nous venons de perdre celle qui remplissait cet emploi ; je vous offre sa place. Justine, après avoir remercié son protecteur, lui demanda par quel hasard un homme comme lui s’exposait à voyager sans suite, et, ainsi que cela venait de lui arriver, à être molesté par des fripons ? — Un peu replet, jeune et vigoureux, je suis, depuis plusieurs années, dit Roland, dans l’habitude de venir de chez moi à Vienne de cette manière. Ma santé et ma bourse y gagnent ; ce n’est pas que je sois