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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/175

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dans le cas de prendre garde à la dépense ; car je suis riche ; vous en verrez bientôt la preuve, si vous me faites l’amitié de venir chez moi ; mais l’économie ne gâte jamais rien. Quant aux deux hommes qui viennent de m’insulter, ce sont deux gentillâtres du canton, auxquels je gagnai cent louis la semaine passée, dans une maison à Vienne. Je me contentai de leur parole ; je les rencontre aujourd’hui ; je leur demande ce qu’ils me doivent, et voilà comme les scélérats me payent.

Notre compatissante voyageuse continuait de plaindre cet infortuné, du double malheur dont il était victime, lorsque l’aventurier lui proposa de se remettre en route. Graces à vos soins, je me sens un peu mieux, lui dit-il ; la nuit approche ; gagnons une maison qui doit être à deux lieues d’ici ; les chevaux que nous y prendrons demain, nous arriveront chez moi le même soir.

Absolument décidée à profiter des secours que le ciel lui envoyait, Justine aide Roland à se mettre en marche ; elle le soutient, et trouve effectivement, à deux lieues de là, l’auberge annoncée par son compagnon de route. Tous deux y soupent honnêtement ensemble. Après le repas, Roland la recommande à la