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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/185

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leur imagination par d’infâmes récits ? devons-nous en hasarder de nouveaux ? Hasardes… hasardes, nous répond ici le philosophe, on n’imagine pas combien ces tableaux sont nécessaires au développement de l’ame ; nous ne sommes encore aussi ignorans dans cette science, que par la stupide retenue de ceux qui voulurent écrire sur ces matières : enchaînés par d’absurdes craintes, ils ne nous parlent que de ces puérilités connues de tous les sots, et n’osent, portant une main hardie dans le cœur humain, en offrir à nos yeux les gigantesques égaremens. — Obéissons, puisque la philosophie nous y engage, et rassurés par sa voix céleste, ne craignons plus d’offrir le vice à nu.

Roland, qu’il est essentiel de peindre avant que de le mettre en scène, était un petit homme court et gros, âgé de trente-cinq ans, d’une vigueur incompréhensible, velu comme un ours, la mine sombre, le regard farouche, fort brun, des traits mâles et prononcés, le nez long, de la barbe jusqu’aux yeux, des sourcils noirs et épais, et le vit d’une telle longueur, d’une grosseur si démesurée, que jamais rien de pareil ne s’était encore présenté aux yeux de Justine, À ce physique un