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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/184

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touffent avec tant d’inhumanité doivent-ils être autre chose que des monstres[1] ?

Justine était plongée dans ces réflexions lorsqu’elle entend tout-à-coup ouvrir la porte de son cachot, c’est Roland, Le scélérat vient achever de l’outrager en la faisant servir à ses odieux caprices… Et quels caprices, juste ciel ! On suppose aisément qu’ils devaient être aussi féroces que ses procédés, et que les plaisirs de l’amour dans un tel homme portaient nécessairement les teintes de son odieux caractère. Mais comment abuser de la patience de nos lecteurs pour leur peindre ces nouvelles atrocités ? N’avons-nous pas déjà trop souillé

  1. Justine ici raisonne en égoïste ; il est impossible de se le dissimuler ; elle est malheureuse, et par conséquent surprise d’être repoussée ; mais l’homme heureux raisonnant d’après les mêmes principes, ne dira-t-il pas également : pourquoi, moi qui ne souffre point, moi qui peux satisfaire à tout sans avoir besoin de personne, irai-je, ou froidement mériter la reconnaissance des autres, ou m’exposer, par mes bienfaits, à ne trouver que des ingrats ? L’apathie, l’insouciance, le stoïcisme, la solitude de soi-même, voilà le ton où il faut nécessairement monter son ame, si l’on veut être heureux sur la terre.