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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/188

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rait, étaient plusieurs niches où se voyaient des coffres, renfermant les richesses de ces malfaiteurs. Une dernière porte de bronze s’offre enfin ; elle était à plus de huit cents pieds dans les entrailles de la terre : Roland l’ouvre, et celle qui le suit tombe à la renverse, en appercevant l’affreux local où on la conduit. La voyant fléchir, Roland la relève, et la pousse rudement au milieu d’un caveau rond, dont les murs, tapissés d’un drap mortuaire, n’étaient décorés que des plus lugubres objets. Des squelettes de toute sorte d’âge et de toute sorte de sexe, entrelassés d’ossemens en sautoir, de têtes de morts, de serpens, de crapauds, de faisceaux de verges, de disciplines, de sabres, de poignards, de pistolets, et d’armes absolument inconnues ; telles étaient les horreurs qu’on voyait sur les murs qu’éclairait une lampe à trois mèches, suspendue à l’un des coins de la voûte. Du ceintre, partait une longue corde, qui tombait à huit pieds de terre, et qui, comme vous allez bientôt le voir, n’était là que pour servir à d’affreuses expéditions. À droite, était un cercueil, qu’entr’ouvrait le spectre de la mort, armé d’une faulx menaçante ; un prie-dieu était à côté : sur une table un peu au-delà,