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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/19

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plus. Ici toutes les femmes frémirent. Notre malheureuse Justine, sur laquelle plusieurs yeux se tournèrent, pensa se trouver mal, lorsque Gernande proposa à l’assemblée de convenir que la victime serait choisie à la supériorité des fesses ; et voici le sophisme dont il se servit pour étayer son opinion. Celle qui a le plus beau cul, disait-il, doit nécessairement être celle qui nous a fait le plus décharger. Or, la créature qui a le plus excité nos désirs, doit être celle dont nous devons être le plus dégoûtés : c’est donc d’elle dont il faut indispensablement se défaire… Non, dit Verneuil ; il y aurait de la partialité ; il faut l’exclure absolument, et que le sort seul en décide. Consultons le Dieu qui déjà sut nous indiquer de si bonnes actions ; sa voix désignant la victime, il ne pourra plus nous rester de regrets… Excellente manière de se rassurer, dit d’Esterval en éclatant de rire ; jamais les dogmes jésuitiques ne furent raffinés à ce point. Allons, notre Dieu sera bientôt réédifié ; allons le consulter dans son temple. On écrivit sur des bulletins les noms de Justine, des dames de Gernande et de Verneuil, de Marceline, de Laurette et de Rose. Ces six noms, placés dans le calice qui avait servi aux pré-