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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/197

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le devine ; la violence de son extase le trahit ; Justine saisit le mouvement, le tabouret échappe, elle coupe la corde, et tombe à terre, entièrement dégagée… Là, le croira-t-on, quoiqu’à plus de douze pieds du libertin, elle est inondée des jets de foutre que Roland perd en blasphémant.

Une autre que Justine, sans doute, profitant de l’arme qu’elle se trouvait entre les mains, se fût aussi-tôt jetée sur ce monstre. À quoi lui eût servi ce trait de courage ? N’ayant pas les clefs de ces souterrains, en ignorant les détours, elle serait morte, avant que d’en avoir pu sortir ; d’ailleurs, Roland était sur ses gardes : elle se releva donc, laissant l’arme à terre, afin qu’il ne conçût même pas sur elle le plus léger soupçon. Il n’en eut point ; et, content de la douceur, de la résignation de sa victime, bien plus que de son adresse, il lui fit signe de sortir, et tous deux remontèrent au château.

Le lendemain Justine examina mieux ce qui l’entourait. Ses quatre compagnes étaient des filles de vingt-cinq à trente ans ; quoique abruties par la misère, et déformées par l’excès des travaux, elles avaient de grands restes de beauté. Leur taille était belle ; et la plus