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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/199

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friponneries ne pouvaient jamais se découvrir : mais tout pouvait manquer dans un instant ; et la retraite qu’il méditait dépendait absolument de cette dernière négociation, où la plus grande partie de ses trésors était compromise, Si Cadix acceptait ses piastres, ses sequins, ses louis faux, et lui envoyait pour cela des lettres sur Venise, Roland était heureux le reste de sa vie ; si la fraude était découverte, un seul jour suffisait à culbuter le frêle édifice de sa fortune.

Hélas ! dit Justine en apprenant ces particularités, la Providence sera juste une fois ; elle ne permettra pas les succès d’un tel monstre, et nous serons toutes vengées… Infortunée ! Après les leçons que t’avait données cette même Providence, sur laquelle tu avais la faiblesse de compter encore, était-ce à toi de raisonner ainsi ?

On laissait à ces malheureuses, vers midi, deux heures de repos, dont elles profitaient pour aller toujours séparément respirer et dîner dans leurs chambres. À deux heures, on les rattachait, et on les faisait travailler jusqu’à la nuit, sans qu’il leur fût jamais permis d’entrer dans le château : si elles étaient nues, c’était afin d’être mieux à même de recevoir