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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/219

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nière dont elle voulait encore la convaincre que le bonheur n’était que pour le crime, et l’infortune pour la vertu.

Ce fut alors que Roland vint chercher Justine pour descendre une troisième fois dans le caveau ; la malheureuse frémit en se rappelant les menaces qu’il lui avait faites la dernière fois qu’ils y étaient descendus… Rassures-toi, lui dit-il, tu n’as rien à craindre ; il est question d’une chose qui ne concerne que moi… une volupté singulière, dont je veux jouir et qui ne te fera courir nuls risques. Justine suit… Dês que toutes les portes sont fermées, chère fille, dit Roland, il n’y a que toi dans la maison à qui j’ose me confier pour ce dont il s’agit ; il me fallait une très-honnête femme ; j’ai bien pensé à la Delisle, mais toute sage que je la suppose, je la crois vindicative… et quant à ma sœur, je l’avoue, je te préfère à elle… Pleine de surprise, Justine conjure Roland de s’expliquer. — Écoutes-moi, répond ce roué : ma fortune est faite ; mais quelques faveurs que j’aie reçu du sort, il peut m’abandonner d’un instant à l’autre, je puis être guetté… saisi dans le transport que je vais faire de mes richesses, et si ce malheur m’arrive, ce qui m’attend, Justine, c’est