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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/220

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la corde, c’est la même punition dont je compose mes plaisirs avec les femmes, qui deviendra la mienne ; je suis convaincu, autant qu’il est possible de l’être, que cette mort est infiniment douce ; mais comme les femmes à qui j’en ai fait éprouver les premières angoisses, n’ont jamais voulu être vraies avec moi, c’est sur mon propre individu que je desire d’en éprouver la sensation ; je veux savoir, par mon expérience même, s’il n’est pas très-certain que cette compression détermine dans celui qui l’éprouve le nerf érecteur à l’éjaculation : une fois persuadé que cette mort n’est qu’un jeu, je la braverai bien plus courageusement ; car, ce n’est pas la cessation de mon existence qui m’effraie, mes principes sont faits sur cela, et bien persuadé que la matière ne peut jamais redevenir que matière, je ne crains pas plus l’enfer que je n’attends le paradis, mais j’appréhende les tourmens d’une mort cruelle ; ainsi que tous les gens voluptueux, je crains la douleur ; je ne voudrais pas souffrir en mourant. — Oh ! monsieur, dit Justine, vous aimez pourtant bien à tourmenter les autres. Eh vraiment oui, c’est précisément ce qui fait que je ne veux pas l’être moi-même. Essayons donc ; tu me feras tout ce que je t’ai fait ; je