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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/228

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faible, quand je le trouvais dans mon chemin ; c’est en abusant de la bonne-foi publique ; c’est en ruinant le pauvre et servant le riche, que je suis parvenu au temple escarpé de l’unique Dieu que j’encensais. Que ne m’imitais-tu ? La route étroite de ce temple s’offrait à tes yeux comme aux miens ; les vertus chimériques que tu as préférées, t’ont-elles consolée de tes sacrifices ? Il n’est plus tems, malheureuse, il n’est plus tems ; pleures sur tes fautes ; souffres et tâches de trouver, si tu peux, dans le sein des phantômes que tu révères, ce que le culte que tu leur as rendu, t’a fait perdre. Le cruel Roland, à ces mots, s’élance sur Justine, et la fait encore une fois servir aux indignes voluptés qu’elle abhorrait avec tant de raison. Elle crut cette fois qu’elle serait étranglée. Tout-à-coup il s’arrête sans terminer sa course ; ce procédé fait frémir Justine ; elle y croit lire son malheur. Je suis bien dupe de me gêner, dit ce monstre en se retirant, le vit écumant de luxure ; n’est-il donc pas tems que la garce ait son tour ? Il se lève, sort, et ferme le cachot ; on ne rend point l’inquiétude où il laissa cette infortunée. Mille pressentimens s’emparent d’elle ; à peine a-t-elle la force de discerner celui qui l’agite