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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/227

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cette inégalité se conservât de même dans les changemens que notre civilisation apporterait à ses loix ; soulager l’indigent est anéantir l’ordre établi ; c’est s’opposer à celui de la nature ; c’est renverser l’équilibre qui est la base de ses plus sublimes arrangemens ; c’est travailler à une égalité dangereuse pour la société ; c’est encourager l’indolence et la fainéantise ; c’est apprendre au pauvre à voler l’homme riche, quand il plaira à celui-ci de refuser l’aumône ; et cela par l’habitude où ses secours auront mis le pauvre de les obtenir sans travail. — Oh ! monsieur, que ces principes sont durs ! Parleriez-vous de cette manière, si vous n’aviez pas toujours été riche ? — De même, assurément, Justine, l’aisance ne fait pas les systêmes, elle les consolide ; mais leur germe est dans notre cœur ; et ce cœur, tel qu’il puisse être, n’est jamais l’ouvrage que de la nature. Et la religion, monsieur, s’écria Justine… la bienfaisance et l’humanité ! — Sont les pierres d’achoppement de tout ce qui prétend au bonheur, dit Roland ; si j’ai consolidé le mien, ce n’est que sur les débris de tous ces infâmes préjugés de l’homme ; c’est en se moquant des loix divines et humaines ; c’est en sacrifiant toujours le