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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/236

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y avait descendue, y était, comme Justine, arrivée pleine de vie, et qu’elle y avait même souffert les horreurs de la faim. Presque droite, appuyée contre le mur, elle tenait encore dans ses doigts un crâne dans lequel, sans doute, la malheureuse a cru trouver la chétive substance exigée par l’impérieuse loi de la nature… Oh ! Dieu ! Dieu ! voilà donc quelle sera ma fin, s’écrie Justine ; voilà les tourmens que je vais ressentir, et les angoisses qui vont terminer ici mes déplorables jours ! Elle avait déjà passé quinze heures dans ce lieu dégoûtant, où le défaut d’air et l’infection, en absorbant en elle toutes les facultés de son existence, l’avaient jusqu’alors empêché d’éprouver aucun besoin. Depuis long-tems la lampe ne brûlait plus : assise entre deux cadavres, l’infortunée attendait en silence, qu’il plût à l’Être-Suprême de la rappeler vers lui ; et ses idées, comme on l’imagine aisément, étaient aussi lugubres que sa position… lorsque tout-à-coup elle entend du bruit… Elle écoute ; ce n’est point une illusion : les portes s’ouvrent… Il n’y a rien, disent confusément des voix d’hommes et de femmes qu’elle distingue à peine… Vous vous trompez, dit-elle en criant de toutes ses forces… une malheureuse vic-