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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/239

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était honnête dans sa profession ; n’en était-ce pas plus qu’il n’en fallait pour être promptement écrasé ?

Un jour que tout était tranquille à la maison… que, sous les loix de ce bon maître, le travail, quoique criminel, s’y faisait pourtant avec gaieté… où la malheureuse Justine plus calme s’occupait doucement des moyens de pouvoir quitter ces gens-ci, les portes s’enfoncent tout-à-coup, les fossés s’escaladent, et le château, avant que ceux qui l’habitent aient le tems de songer à leur défense, se trouve rempli de plus de soixante cavaliers de maréchaussée ; il faut bien se rendre ; il ne reste aucun moyen de faire autrement ; on enchaîne tous ces misérables comme des bêtes ; on les attache sur des chevaux, et on les conduit à Grenoble. — Eh bien ! dit Justine en y entrant, c’est donc l’échafaud qui va faire mon sort dans cette ville, où j’avais la folie de croire que le bonheur devait naître pour moi !… O pressentimens de l’homme, à quel point vous êtes trompeurs !

Le procès des faux monnayeurs fut bientôt fait ; tous furent condamnés à être pendus ; lorsque l’on vit la marque dont Justine était flétrie, on s’évita presque la peine de l’inter-