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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/253

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que s’il y avait un Dieu, il y aurait moins de mal sur la terre. Je crois que si ce mal y existe, ou ces désordres sont ordonnés par ce Dieu, et alors voilà un être barbare, ou il est hors d’état de les empêcher, et de ce moment, voilà un Dieu faible, et, dans tous les cas, un être abominable, un être dont je dois braver la foudre et mépriser les loix. Ah ! Justine, l’athéisme ne vaut-il pas mieux que l’une et l’autre de ces extrémités ? et n’est-il pas cent fois plus raisonnable de ne point croire de Dieu, que d’en adopter un aussi dangereux… aussi épouvantable, aussi contraire au bon sens et à la raison ?… Non, sacre-Dieu… Et le monstre se levant ici avec d’indicibles mouvemens de rage et de fureur, vomit une foule de blasphêmes, plus atroces… plus exécrables les uns que les autres, et dont l’innocente Justine frémit, au point de lever le siège. Arrête, lui cria la Dubois en la retenant, arrête, ma fille ; si je ne peux vaincre ta raison, que je captive au moins ton cœur. J’ai besoin de toi, ne me refuse pas ton secours ; voilà mille louis, ils t’appartiennent dès que le coup sera fait, La prudente Justine, n’écoutant ici que son penchant à faire le bien, demanda tout de suite ce dont il s’a-