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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/255

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comptés en touchant les frontières de France.

J’accepte, madame, répondit Justine bien décidée à prévenir le jeune homme du vol qu’on voulait lui faire ; mais réfléchissez-vous, continua-t-elle pour mieux tromper cette scélérate, que si Dubreuil est amoureux de moi, je puis, en le prévenant ou me rendant à lui, en tirer beaucoup plus que vous ne m’offrez pour le trahir. — Bravo ! répondit la Dubois ; voilà ce que j’appelle une bonne écolière ; je commence à croire que le ciel t’a donné plus d’art qu’à moi pour le crime : eh bien ! continua-t-elle en écrivant, voilà mon billet du double ; ose me refuser à présent ! — Je m’en garderai bien, madame, dit Justine en prenant le billet ; mais n’attribuez au moins qu’à ma faiblesse et qu’à ma pauvreté le tort que j’ai de me rendre à vos séductions. — Je voulais en faire un mérite à ton esprit, dit Dubois ; tu aimes mieux que j’en accuse ton malheur ; ce sera comme tu le voudras : sers-moi toujours, et tu seras contente.

Justine, remplie de son projet, commence, dès le même soir, à faire un peu plus d’avance à Dubreuil ; elle démêle bientôt les sentimens de ce jeune homme pour elle. Rien d’embarrassant comme sa situation ; elle était bien