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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/256

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éloignée, sans doute, de se prêter au crime proposé, eût-il été question de mille fois plus d’or ; mais dénoncer cette femme, était un autre chagrin pour elle : il lui répugnait infiniment d’exposer à périr une créature à qui elle avait dû sa liberté dix ans auparavant ; elle aurait bien voulu trouver le moyen d’empêcher le crime sans le punir ; et, avec tout autre qu’une scélérate consommée comme la Dubois, elle y serait infailliblement parvenue. Voici donc quels furent les résultats de sa détermination, ignorant que les manœuvres sourdes de cette femme horrible, non-seulement dérangeraient tout l’édifice de ses projets honnêtes, mais la puniraient même de les avoir conçus.

Au jour prescrit pour la promenade, la Dubois invite à dîner Dubreuil et Justine, dans sa chambre. Le repas fait, les deux jeunes gens descendent pour presser la voiture qu’on leur prépare ; la Dubois n’ayant point suivi, Justine se trouve seule avec son amant. Monsieur, lui dit-elle fort vite, écoutez-moi avec attention, point d’éclat, observez sur-tout rigoureusement tout ce que je vais vous prescrire… Avez-vous un ami sûr dans cette auberge ? — Oui, un jeune associé sur lequel je