Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mettre. — Tu ne t’es pas opposée au crime que je méditais ? tu ne l’as pas empêché, indigne créature ? et ce n’est pas me causer le plus mortel de tous les chagrins que d’arrêter l’impulsion de mes forfaits ? Il faut que tu en sois punie, garce, il le faut ; et elle lui serra si violemment la main en prononçant ces mots, qu’elle pensa lui casser les doigts. On entre dans un appartement aussi somptueux que bien éclairé ; c’était celui de la maison de campagne de l’évêque de Grenoble, qui lui-même à demi couché sur une ottomane, recevait ces dames en robe-de-chambre de taffetas violet. Nous reviendrons bientôt au portrait de ce libertin. Monseigneur, lui dit la Dubois en lui présentant Justine, voici la jeune personne que vous avez desirée, celle à qui tout Grenoble s’est intéressé comme vous, la célèbre Justine, en un mot, condamnée à être pendue avec de faux monnayeurs, et délivrée depuis à cause de son innocence et de sa vertu ; Vous la vîtes à son interrogatoire, vous la desirâtes… Si elle doit être pendue, me dites-vous, je donne mille louis pour en jouir auparavant ; elle est sauvée : aurait-elle moins de prix à vos yeux ? — Beaucoup moins, dit le prélat en frottant son vit par-dessus sa che-