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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/265

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Quoiqu’il fut nuit, les jalousies se baissèrent, et Justine ne put absolument rien voir ; la voiture arrive enfin dans une maison ; des portes s’ouvrent et se referment aussi-tôt ; ses guides l’emportent et lui font traverser ainsi plusieurs appartemens très-sombres ; ils la laissent enfin dans un, près duquel est une pièce où elle apperçoit de la lumière. Reste là, lui dit durement un de ses ravisseurs en se retirant avec ses camarades, tu vas bientôt voir des gens de connaissance, et les fripons disparaissent en fermant avec soin toutes les portes ; une autre s’ouvre presqu’au même moment, et Justine apperçoit une femme arriver à elle une bougie à la main… Dieu ! quelle est cette femme ?… le croira-t-on ? c’est la Dubois, la Dubois elle-même, ce monstre épouvantable, dévoré sans doute du plus ardent desir de la vengeance. — Venez, charmante fille, dit-elle arrogamment, venez recevoir le prix des vertus où vous vous êtes livrée à mes dépens… Ah ! bougresse, je t’apprendrai à me trahir. — Je ne vous ai jamais trahie, madame, répond précipitamment Justine, non, jamais, informez-vous-en ; je n’ai pas fait la moindre plainte qui puisse vous donner de l’inquiétude ; je n’ai pas dit un mot qui puisse vous compro-