Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur sa poitrine à lui ; et relevant les cheveux, il observe attentivement la nuque de son cou. — Oh ! c’est délicieux, s’écrie-t-il en pressant fortement cette partie ; je n’ai jamais rien vu de si bien attaché ; ce sera divin à faire sauter ; ce dernier propos fixe d’une manière invariable tous les doutes de Justine ; et la malheureuse voit bien qu’elle était encore chez un de ces libertins à passions cruelles, dont les plus piquantes voluptés consistent à jouir des douleurs ou de la mort des tristes victimes qu’on leur procure à force d’argent, et qu’elle est au moment de perdre la vie.

En cet instant on frappe à la porte ; la Dubois sort, et ramène aussi-tôt la jeune lyonnaise dont il venait d’être question.

Tâchons d’esquisser maintenant les deux nouveaux personnages avec lesquels nous allons voir Justine.

Monseigneur l’évêque de Grenoble, par lequel il est juste de commencer, était un homme de cinquante ans, mince, maigre, mais vigoureusement constitué. Des muscles presque toujours gonflés, s’élevant sur ses bras couverts d’un poil rude et noir, annonçaient en lui la force avec la santé ; sa figure était pleine de feu ; ses yeux petits, noirs et