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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/272

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core ; elle avait peu de couleur, mais elle n’en était que plus intéressante ; et l’éclat de ses beaux yeux noirs rendait à sa jolie figure tout le feu dont cette pâleur semblait la priver d’abord ; sa bouche, un peu grande, était garnie des plus belles dents ; sa gorge, déjà très-formée, paraissait plus blanche que son teint ; sa taille était délicieuse ; ses formes rondes et fournies ; toutes ses chairs fermes, douces et potelées. Il était impossible de voir un aussi beau cul ; une mousse légère ombrageait le devant ; des cheveux blonds, superbes, flottant sur tous ses charmes, les rendaient plus piquans encore ; et pour compléter son chef-d’œuvre, la nature qui semblait la former à plaisir, l’avait douée du caractère le plus doux et le plus sensible. Tendre et délicate fleur, ne deviez-vous donc embellir un instant la terre, que pour être aussi-tôt flétrie !

Oh ! monseigneur, s’écria cette belle fille en reconnaissant son persécuteur, est-ce donc ainsi que vous m’avez trompée ? Je devais, disiez-vous, rentrer dans mes biens… dans tous mes droits ; et les scélérats qui sont venus m’arracher de ma retraite, ne m’amènent chez vous que pour y être déshonorée. — Hein ? oui, c’est affreux, n’est-ce pas, mon ange, c’est