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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/293

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quelques crimes d’État, jamais leurs délits particuliers, jamais leur despotisme secret ne court risque d’être réprimé ; la jouissance de mille crimes délicieux leur est donc assuré, pour un ou deux qu’ils ont à craindre !… Oh ! vivent, vivent à jamais de tels gouvernemens ! J’irai toujours habiter de préférence les pays qu’il enchaînera ; j’aime la férule qui ne me frappe point, et dont je puis effrayer les autres. Que m’importe qu’on m’appelle esclave, quand j’ai le droit d’en faire à mon tour ? Le véritable esclave est celui qui consent à vivre sous un gouvernement dont les loix frappent également, parce qu’il le devient de ces loix, dont l’autre se moque, et que la tyrannie de l’homme qui ne frappe que celui qui lui plaît est bien plus douce que la loi qui frappe tout le monde. Oui, je le répète avec plaisir, le sang impur de la populace, si j’étais souverain, coulerait à tous les instans de ma vie ; je l’effrayerais sans cesse par de sanguinaires exemples ; coupable ou non, je l’immolerais, afin de maintenir sa dépendance ; je la priverais de tout ce qui pourrait lui donner de l’énergie ; je l’assouplirais par un travail perpétuel, et lui rendrais sa subsistance si pénible, que l’idée seule de secouer ses