Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chaînes lui deviendrait impossible… Il faudrait en faire des bêtes de somme, dit l’abbé qu’il fût permis de tuer comme les bœufs qu’on vend à nos boucheries ; il faudrait l’écraser d’impôts, de contributions… Ne doutez pas, reprit l’évêque, que cette vermine n’use les ressorts de l’État par sa rouille dangereuse ; extirpons-la donc, détruisons-la dans sa racine, et voici, pour y parvenir, les principaux moyens que je mettrais en usage ;

1°. Il est d’abord essentiel, non-seulement de permettre, mais même d’autoriser l’infanticide, ce n’est que par ce moyen sage que la Chine a diminué l’excessive population qui la desséchait, qui l’opprimait avec tant de violence, et qui, sans doute, eût fini par renverser tout-à-fait sa constitution. Le sage Chinois détruisant avec courage l’enfant qu’il ne peut nourrir, ne soupçonne aucun crime à se débarrasser un peu plutôt ou un peu plus tard de la matière dont il est surchargé ; contraignons à cette loi le peuple que nous voulons asservir ; gardons-nous sur-tout d’ériger aucun asyle pour les fruits de son libertinage ; que celle qui le porte, obligée de le mettre bas publiquement, ne puisse le sauver par aucun citoyen ; qu’elle soit elle-même punie