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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/296

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n’eurent jamais pour cause que l’excès de la population. Attaquez donc vivement le luxe et l’aisance de cette classe abjecte, si vous voulez couper le mal dans sa racine. Douteriez-vous de ce luxe ?… Eh bien ! parcourez les asyles de ce peuple insolent, et vous verrez avec quelle arrogance il ose l’afficher aujourd’hui ! Or, je vous demande si ce n’est pas ce luxe, qui l’amollissant et le dégradant chaque jour, lui fait aussi scandaleusement étendre sa population ; supprimez donc ce luxe absurde en lui ; reduisez ces manans au simple nécessaire ; obligés de fatiguer beaucoup pour se le procurer, vous verrez qu’il ne procréera plus tant. Ce peuple que vous plaignez, que vous choiyez tant en Europe, est-il traité de même à Ceilan où il travaille comme des chevaux sans rien posséder en propre ? L’est-il de même en Pologne où il ne végète encore que dans la plus extrême servitude ? en Perse et sur les bords du Gange où on le tue, comme nous faisons ici nos lièvres ? Surchargez-le donc impunément, ses reins sont plus forts que vous ne pensez. Persuadez-vous bien que la nature n’a fait ces êtres secondaires, que pour servir de jouet aux autres hommes : c’est son vœu. Le pauvre n’est