Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rien n’est aussi dangereux que la liberté du peuple ; c’est par la plus complète oppression de cette classe, en un mot, c’est par sa réduction au plus dur esclavage, par la diminution de ses subsistances, par l’anéantissement total de son luxe, par l’obligation d’acheter au prix des plus rudes travaux le sobre nécessaire qui lui convient, que vous parviendrez à diminuer la population, vice destructeur de tout gouvernement, inconvénient terrible qui le conduira toujours à sa perte ; aucune pitié sur cet objet, elle serait bien funeste. Quand l’arbre est énervé du trop grand nombre de ses branches, et que le suc nourricier ne peut plus se repartir également, on taille, on coupe, on diminue, le tronc y gagne et l’arbre se conserve. Henri IV desirait que chaque paysan eût la poule au pot le dimanche ; mais Henri parlait en politique, et non pas en monarque : ayant bien plus de raison, vu l’état de faiblesse où il était, de se faire aimer que de se faire craindre, il faisait aussi bien de parler de cette manière, qu’il eût eu de tort d’exécuter d’aussi ridicules promesses. Qu’on ne s’y trompe pas, la source de l’aisance du peuple est celle de la misère publique ; et nous mourrons