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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/299

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toujours de faim, quand le paysan sera riche. Encore une fois, ce ne sont pas les branches qui doivent prospérer, c’est le tronc. Quelle est la cause du peu de rapport des grandes possessions ? C’est la richesse du peuple ; il ne s’engraisse jamais qu’aux dépens de l’homme à son aise : ne craignez donc point de ravir à votre tour cette subsistance qu’il vous a prise. Si le paysan ne possédait pas ces richesses, ne seraient-elles pas dans votre poche ? Pourquoi faut-il donc que vous vous en priviez, pendant que le pauvre, cet être faible et vil, que la nature n’a créé que pour être dans les fers, en jouit à votre détriment ? Ressaisissez-vous donc, sans scrupule, de ce qui vous appartient : c’est renverser toutes les institutions sociales, c’est méconnaître toutes les inspirations de la nature, que d’agir d’une manière différente ; et la tolérance de tant d’abus grossiers, soyez-en bien surs, ne nous amenera qu’au plus affreux et qu’au plus prochain bouleversement. L’abatardissement de l’espèce, bientôt occasionné par la mésalliance inévitable dans une si prodigieuse population, devient un autre inconvénient fait pour précipiter la perte de l’état, et de conséquences en conséquences, d’inconvéniens en inconvé-