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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/302

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drons peut-être bien des maux. Songez que l’État qui sacrifie le pauvre ne perd rien, et gagne beaucoup : par quel motif l’épargneriez-vous donc ? Blâmeriez-vous un homme, surchargé d’humeurs, qui prendrait une médecine, pour se rendre plus dispos et plus sain ? C’est absolument la même chose ; et pour que le moyen vigoureux que j’exige influât davantage sur notre nation, infiniment trop chargée de ce funeste excrément populaire, je voudrais que, dans des spectacles publics de taureaux ou de gladiateurs, on immolât des essaims de cette vile canaille, comme on faisait des chrétiens autrefois à Rome ; qu’on les exposât aux bêtes féroces ; qu’on écartelât leurs garçons… qu’on éventrât leurs femmes… qu’on tenaillât leurs filles ; que les supplices les plus atroces et les plus barbares fussent inventés pour eux ; qu’on les réservât enfin à tout ce que la cruauté la plus réfléchie pourrait inventer de tourmens les plus recherchés. Vous verriez comme, avec ces moyens, la terre serait bientôt purgée de ces excroissances qui la souillent. On s’effraie au premier coup-d’œil, je le sens, de ces projets de jeux inhumains. Qui doute néanmoins qu’ils ne fussent bientôt aussi suivis que