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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/306

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de suite. Le voilà donc, avant l’hiver, et sans argent, et sans subsistance ; à peine a-t-il conservé ses semailles. Même procédé l’année d’ensuite. Comment voulez-vous, qu’en renouvelant ainsi trois ou quatre ans, le malheureux, absolument ruiné, ne soit pas obligé d’abandonner sa chaumière, pour aller mendier… Il le fait ; ne vous y opposez point ; gardez-vous seulement de le secourir. Six mois après, promulguez les loix les plus sévères contre les mendians ; sabrez-les, pendez-les sans aucune pitié ; et voilà dans dix ans, par ce procédé bien simple, votre population diminuée d’un tiers. Déclarez alors à ce qui reste que, pour se mettre à l’abri d’une telle vexation, ce que le paysan a de mieux à faire, est de se replacer sous la servitude féodale ; qu’en engageant à son patron tout ce qu’il peut posséder au monde, ce qui lui restera sera du moins pour lui, puisqu’on respecte les biens seigneuriaux. Faites-lui comprendre qu’au moyen de cet engagement, celui avec lequel il le fait se chargera de le protéger, de le défendre ; qu’il le maintiendra dans son petit héritage, et que dès-lors il en jouira sans aucun danger, et cela, sous la simple clause d’une redevance. Plutôt que