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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/31

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ver dans une sphère illusoire, et qui, quand même elle existerait, ne saurait être la sienne. Comment, d’après cela, peut-il se retrouver ? N’a-t-on donc pas suffisamment démontré le mécanisme de l’instinct chez les bêtes, par le seul moyen de l’accord parfait de leurs organes ? L’expérience ne nous prouve-t-elle pas que l’instinct, dans ces mêmes bêtes, s’affaiblit en raison de l’altération qui survient en elles, soit par accident, soit par vieillesse, et que l’animal est enfin détruit, quand cesse l’harmonie dont il n’était que le résultat ? Comment peut-on s’aveugler au point de ne pas reconnaître que ce qui arrive chez nous est absolument la même chose ? Ce que vous venez de faire souffrir à cette femme dont voilà le cadavre sous vos yeux, ne vous le prouve-t-il pas évidemment ? Mais pour achever d’identifier en nous ces principes, il faut commencer par nous convaincre que la nature, quoiqu’une dans son essence, se modifie cependant à l’infini ; ensuite, ne pas perdre de vue cet axiome d’éternelle vérité, qu’un effet ne saurait être supérieur à sa cause, et définitivement, que tous les résultats d’un mouvement quelconque sont divers entre eux ; qu’ils s’augmentent ou s’affaiblissent