Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus immodeste aux yeux de son patron et saisissant une bougie, elle s’élance rapidement vers l’escalier. La maison, dégarnie de valets, n’offre rien qui s’oppose à son évasion… elle est libre. Le premier chemin qui se présente à elle est celui qu’elle choisit de préférence ; heureusement c’est celui de Grenoble. On était encore couché dans l’auberge : Justine pénètre secrètement, et s’introduit en hâte dans la chambre de Valbois ; il s’éveille, reconnaît à peine celle qui s’avance à lui… Que signifie ?… que desirez-vous ? — Hélas, monsieur ! Et la tremblante Justine raconte tout ce qui lui est arrivé. Vous pouvez faire arrêter la Dubois, poursuit-elle ; ce monstre n’est qu’a deux lieues d’ici ; j’indiquerai le chemin… la malheureuse ! indépendamment de tous ses crimes, elle m’a pris encore et mes hardes, et les cinq louis que vous m’aviez donné. — Oh, Justine ! vous êtes assurément la fille la plus infortunée qu’il y ait au monde ; mais, vous le voyez pourtant, honnête créature, au milieu des maux qui vous accablent, une main céleste vous conserve ; que ce soit toujours pour vous un motif d’être vertueuse ; jamais les bonnes actions ne sont sans récompense. Nous ne poursuivrons point