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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/314

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de ces propos. Un moment elle veut faire croire au moine qu’il se trompe ; n’y réussissant pas, elle essaye des signes ; rien n’en impose à cet insolent ; les sollicitations n’en deviennent que plus chaudes. Le moine enfin, sur des refus réitérés, se borne à demander des adresses. Pour se débarrasser, Justine en donne de fausses ; il les écrit sur son portefeuille, et se sépare, en assurant qu’on entendra bientôt parler de lui.

Justine, en retournant à l’auberge, expliqua, du mieux qu’elle put, l’histoire de cette malheureuse rencontre, à la fille qui l’accompagnait. Mais, soit que ce qu’elle dit ne fût pas fait pour satisfaire, soit que cette servante eût été fâchée d’un acte de vertu qui la privait d’un gain assuré, elle bavarda. Justine n’eut que trop lieu de s’en appercevoir aux propos de la Bertrand, lors de la malheureuse catastrophe que nous allons bientôt raconter. Cependant le moine ne reparut plus, et l’on partit.

Sorties de Lyon, nos deux voyageuses ne purent, ce premier jour, coucher qu’à Villefranche ; elles y arrivèrent sur les six heures du soir, et se retirèrent de suite dans leur chambre, afin d’entreprendre une plus forte