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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/315

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marche le lendemain. Il n’y avait pas deux heures qu’elles étaient couchées, lorsqu’elles sont réveillées tout-à-coup par une fumée affreuse. Persuadées que le feu n’est pas loin, elles se lèvent avec promptitude : juste ciel ! les progrès de l’incendie ne sont déjà que trop effrayans ; elles ouvrent leur porte, à moitié nues, et n’entendent autour d’elles que le fracas des murs qui s’écroulent, le bruit des charpentes qui se brisent, et les hurlemens épouvantables de ceux qui tombent dans les flammes. Entourées de ces flammes dévorantes, elles ne savent déjà plus où fuir. Pour échapper à leur violence, elles se précipitent dans leur foyer, et se trouvent ainsi bientôt confondues dans la foule de ceux qui cherchent leur salut dans la fuite. Justine se rappelle alors que sa conductrice, plus occupée d’elle que de sa fille, n’a pas songé à garantir cette enfant de la mort. Elle vole dans la chambre où cette petite est oubliée, à travers les flammes qui l’atteignent et la brûlent en plusieurs endroits, se saisit de la créature, s’élance pour la reporter à sa mère, fléchit sur une poutre à moitié consumée, laisse tomber le précieux fardeau qu’elle porte, et ne se sauve elle-même que saisie par une femme