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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/319

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que des mépris et des outrages ? Ah ! s’il existe ton Dieu, que je le hais, Justine ! que je l’abhorre ! Oui, si cette existence était vraie, je l’avoue, le seul plaisir d’irriter perpétuellement celui qui en serait revêtu, deviendrait le plus précieux dédommagement de la nécessité où je me trouverais alors d’apporter quelque croyance en lui… Encore une fois, Justine, veux-tu devenir ma complice ? Un coup superbe se présente ; nous l’exécuterons avec du courage ; je te sauve la vie, si tu l’entreprends. Le prélat, chez qui nous allons, s’isole dans le sanctuaire de ses débauches ; le genre dont tu sais qu’elles sont l’exige ; un seul valet et l’aumônier l’habitent avec lui, quand il y va pour ses plaisirs. L’homme qui court devant cette chaise, toi et moi, Justine, nous voilà trois contre un. Quand ce libertin sera dans le feu de ses voluptés, je m’emparerai des armes dont il se sert pour trancher la vie de ses victimes ; tu le tiendras ; nous le tuerons ; et mon courrier, pendant ce tems-là, se défera des deux acolytes. Il y a de l’argent caché dans cette maison, Justine ; plus d’un million, je le sais ; le coup en vaut la peine… Choisis, sage créature ; choisis la mort… ou me servir. Si tu me trahis ; si tu